Martin Parker à contre-courant de “l’esthétisation” du Street Art

19 Mar

ImageMartin Parker incarne sans nul doute le nouveau mouvement
d’art urbain né aux États-Unis. Plus proche d’un art situationniste
il initie le mouvement NUP (Nasty Urban Piracy)

À l’heure où l’art urbain s’est institutionnalisé et a désormais sa place dans les galeries, les musées et les salles de ventes partout en Europe et dans le monde, un nouveau mouvement voit le jour sur la côte-est des États-Unis au milieu des années 2000.

Initié par l’artiste franco-américain Martin Parker et le collectif LTVS Squad fanatique de l’exploration urbaine à New-York, le mouvement NUP (Nasty Urban Piracy) est un courant du Street Art qui refuse la picturalité et l’esthétisation comme seule et unique finalité.

Par ses actions, Parker exprime sa conception du Street Art sous forme de questions fondamentales :
Faut-il considérer que la seule ligne directrice de cet Art par définition outsider soit simplement illustrative et picturale?
Au départ, le but de l’Art de la rue n’était-il autre que l’expression d’idées pour la plupart subversives ou la revendication d’opinions souvent politiquement incorrectes ?

La « Nasty Urban Piracy » remet au goût du jour le côté contestataire du grafitti américain des anées 70 en y insufflant une dose d’activisme social qui nous manquait.

Plus proche du situationnisme, mêlant installation et performance, NUP nous embarque dans l’Art du sens bien loin de l’Art décoratif.

Résolument contemporain tant par ses médiums que par ses techniques, NUP mèle l’installation in-situ, la vidéo, la performance éphémère à travers une expression visuelle minimaliste pour que la forme ne parasite jamais le fond.

En éliminant le bavardage graphique et en ne se situant pas dans la représentation, NUP redonne aux mots toute leur portée et aux messages toute leur force.
On retrouve ce mode d’expression plastique minimaliste chez les artistes de même génération Rero, L’Atlas, Zevs ou encore Mark Jenkins qui ont pris ce virage depuis déjà plusieurs années.
Nourris dès le berceau par les techniques de Guerilla et autre Street Marketing qu’ils empruntent à l’industrie de la publicité et de la communication, ces jeunes artistes retournent les armes du monde de l’hyper-consommation contre lui-même.

En détournant les enseignes publicitaires, en «hackant» les panneaux informatifs électroniques ou en s’appropriant les panneaux d’affichage, Martin Parker utilise des mediums résolument contemporains pour traiter des sujets d’actualité.
”Dans la pollution visuelle environnante, il faut utiliser le minium de signifiant pour exprimer un maximum de signifié” déclare-t-il après son intervention sur l’enseigne Lehman Brothers en 2012.

À la frontière de l’expression idéologique, de l’action politique, de la performance artistique et de l’installation contemporaine, plus défiguratif que figuratif NUP est l’équation parfaite d’un Art réellement “engagé”.

Il s’avère que le mouvement néo-Street Art se dirige très logiquement vers cette tendance pendant que les pionniers du graff rejoignent peu à peu le panthéon du Pop-Art gagnant les collections privées prestigieuses et bientôt les musées…

Pour Parker, l’Art de la rue ne doit plus être le prolongement et la promotion du travail de l’artiste en galerie. Il doit redevenir subversif, activiste et… gratuit comme à sa genèse.

Propos recueilli par Paul William Gunningham

 

 

 

 

4 Réponses vers “Martin Parker à contre-courant de “l’esthétisation” du Street Art”

Trackbacks/Pingbacks

  1. Interview World Street Art | martin parker - 8 avril 2013

    […] trop dur de garder son identité, son origine de graffeur quand on est dans une école comme « School of Visual […]

  2. 2013 – Common Places project – France | martin parker - 14 avril 2013

    […] installation in situ dans l’Est Parisien qui s’inscrit dans son projet « Common Places« . C’est le début d’une série de « Strikes » qui […]

  3. 2013 – Common places project – Banc anti-pigeons | martin parker - 27 avril 2013

    […] installation éphémère a été déclinée sur une vingtaine des bancs publiques place de la Nation et aux alentours de la […]

  4. 2013 – Common places project – Distributeur de pierres pour lapidation en place publique | martin parker - 25 mai 2013

    […] Les tentatives de "sculptures décoratives" qui ornent nos lieux publiques sont autant de parenthèses à faire oublier la morosité architecturale environnante aux pauvres citadins que nous sommes… Celle-ci à attiré mon attention tant elle n’attirait l’attention de personne. Une accumulation minérale grillagée faisant penser à un distributeur géant de pierres.Des pierres qui semblent conformes à l’article 104 du code pénal iranien concernant l’exécution lapidaire : de taille moyenne, pas trop grandes pour qu’une ou deux ne suffisent pas à tuer une personne, mais pas trop petites qu’on puisse les appeler des cailloux…Certaines pratiques comme la lapidation sont encore bien réelles dans de nombreux pays.L’Art urbain peut être un des moyen qui doit nous aider à nous en souvenir. Cela passe bien sur par des actions fortes et fatalement dérangeantes. Les artistes urbains ne sont pas que des chefs-déco au service de l’urbanisme. Ils ont dans le combat contre les inégalités plus que jamais leur place, on appelle cela de l’artivisme. […]

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